Le bonheur est dans la pré(-rentrée)
Imaginez : vous êtes dans un bon bain chaud, avec un bon bouquin, des bougies, de la musique style compil du Buddha-Bar... Bref, le parfait bonheur, et brusquement, quelqu'un vous verse un seau d'eau glacée sur la tronche. Un peu violent, n'est-ce pas ?
Autre situation : c'est la nuit, vous dormez tranquillement et tout d'un coup, quelqu'un pénètre dans votre chambre, vous braque un projecteur dans les yeux, et vous ordonne d'aller courir un semi-marathon sur-le-champ (ou ailleurs). Votre réaction (perso, je meurs aux premiers cent mètres) ?
Mais encore : vous écoutez une jolie cantate de Bach intitulée "Ich weiß nicht was soll es bedeuten" (bon, ça, c'est du Heinrich Heine, mais on s'en fout) et un individu mal intentionné vous met du death métal à 120 dB (pour vous donner une idée, c'est le volume sonore d'un marteau-piqueur). Dur tout ça, hein ?
Eh bien, Mesdames et Messieurs, c'est ça, une rentrée. D'une violence inouie (et ça ne s'arrange pas avec les années).
À vrai dire, le plus difficile dans l'histoire je trouve, c'est qu'on nous demande de redevenir intelligent, efficace et opérationnel (si tant est qu'on l'ait déjà été) du jour au lendemain, après deux mois de cerveau lent. Il faut avoir une sacrée force de caractère, croyez-moi.
Certes, nous venons d'avoir huit semaines de vacances, mais nous autres poils de mammouths, ça faisait un an que ça ne nous était pas arrivé, nom de Zeus ! Nous, c'est pas "et vas-y que je te prends un petit RTT par ci", "et vas-y que je te prends un petit RTT par là avec le pont ça fera 4 jours"... Non. Nous, nous SUBISSONS nos vacances ! Pas le choix. C'est à prendre ou à laisser. Et ce, 4 mois dans l'année, tout de même. Vous êtes au bout du rouleau le 12 octobre ? - Marche ou crève, t'attendras la Toussaint, feignasse ! Vous avez la grosse patate le 21 décembre ? - Et alors, le bahut est fermé, qu'est-ce'tu veux qu'ça m'fasse ?
C'est comme relancer une locomotive toute rouillée, c'est difficile. Cela nécessite de gros efforts au départ.
En gros, il nous faudrait plus de temps. Et le temps, c'est de l'argent.*
Alors aujourd'hui, solennellement, je vous le demande, pensez à tous les poils de mammouths qui vont se dresser fièrement pour prendre soin de votre progéniture avec l'enthousiasme d'un thon albacore pris dans le filet du pêcheur. Pendant que vos petits anges dorment encore du sommeil de l'adolescent jusqu'à midi, nous allons vaillamment raconter nos vacances aux collègues pour que le sujet soit clos dès demain et que nous puissions être enfin disponibles pour trouver notre prochain motif de grève (pas facile d'éviter les redites, à force). C'est cette grève qui nous permettra d'être opérationnels pendant les six prochaines semaines. Que dites-vous ? Sept semaines ?! Mais c'est une honte ! Organisons fissa une deuxième journée de grève ! Ça sera notre petit RTT à nous, quoi (n'allez surtout pas imaginer qu'on va aller défiler ; faut qu'on se repose).
Au nom de tous les poils de mammouths, merci.
* Vous pouvez déposer vos dons directement sur mon compte bancaire (chèques, espèce et tickets restaus acceptés).